mardi 12 avril 2011

[Communiqué] de la présidente de l'université Montpellier III, le 11 avril 2011 (IDEX)

À ceux qui se sont opposés aux différents mouvements de grève à l'Université ces dernières années, une seule chose à dire (lire) :


Chers collègues,

Je vous invite à consulter sur Intranet (Rubrique Initiative d'Excellence) le rapport sommaire établi par le jury des IDEX que nous a transmis l’ANR sur le projet UMSF, Université Montpellier Sud de France ainsi que la note précisant le fonctionnement et la composition du jury.
Faisaient notamment partie du jury, M.Gillet, ancien directeur de cabinet de Mme la Ministre aujourd’hui vice-président de l’Ecole polytechnique Fédérale de Lausanne, Mme Corboud-Fumagalli, également vice-présidente de l’Ecole polytechnique Fédérale de Lausanne, M. Rapp, ancien directeur de l’université de Lausanne, M.Aghion, auteur du rapport sur « l’excellence universitaire » remis à Mme la Ministre, M. Frieder Meyer Krahmer, ancien secrétaire d’Etat à l’éducation et à la recherche dans le gouvernement de Mme Merkel, Mme Erra, présidente de l’agence de communication Euro RSCG, MM. Folz et Streiff, anciens présidents de Peugeot, M. Bamberger, conseiller du président d’EDF, M.Heitzmann, directeur de la recherche chez AREVA.

Cet avis confirme les craintes que j'exprimais dans mon dernier courrier électronique. Comme pour les autres projets d’IDEX à Paris et en province, le gouvernement recommande à l’Université Montpellier Sud de France « de développer une stratégie couvrant toutes les dimensions d’une université, y compris la politique RH, la gestion financière, la gouvernance et une feuille de route à 10 ans qui optimisera les éléments constitutifs de l’université au meilleur niveau mondial en sciences de la santé et de la nature ». Il est précisé que « devront être mentionnées les procédures envisagées, la liste des décisions qui seront prises et leur traduction sur le plan financier ».

Ceux qui en douteraient encore comprendront que ce n’est pas la « fusion » des universités qui est souhaitée (les universités marseillaises qui fusionnent ne sont pas retenues), ni même la mise en place des structures de coordination inter-universitaires de type PRES. Ce n’est pas non plus l’excellence universitaire qui est recherchée par le gouvernement, mais la misère universitaire puisque le jury conditionne l’approbation des projets d’IDEX à un transfert des moyens humains et financiers des universités vers une nouvelle entité extérieure aux universités.
L’expression même de cette condition et les termes employés caractérisent clairement ce projet de restructuration de la recherche et de la formation qui vise à externaliser les fonctions essentielles des universités : « En particulier, il convient de fournir des engagements clairs en matière de ressources humaines pour ce qui concerne les outils que le projet IDEX aidera à mettre en place, et comprenant des « packages » en termes de recrutement, mobilité et gestion de carrière ».

La question se pose clairement : sommes-nous prêts à sacrifier l’excellence universitaire et la gouvernance démocratique de nos établissements pour un projet dont le financement risque de s’arrêter avec l’équipe gouvernementale qui le porte, au nom d’une politique dont nous avons dénoncé la nocivité depuis le début ?

Cordialement,

Anne Fraïsse,
Présidente de l'Université Paul-Valéry - Montpellier III