jeudi 12 février 2009

Résumé de la coordination nationale

Nous vous écrivons dans le train, de retour de Paris pour la Coordination Nationale Universitaire. 79 établissements étaient représentés par près de 400 mandatés (étudiants, enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs, personnels administratif, BIATOSS, IATOSS, ATOSS, ITA) aujourd’hui à Paris 8. La Coordination Nationale qui a débuté à 11h00 ce matin s’est révélée plus que mouvementée.
Après un bilan de la mobilisation en France qui annonçait 72 universités en grève sur un total de 84 de nombreux intervenants se sont succédé. Après avoir réitéré la priorité de mobiliser les personnes ATOSS, IATOSS, BIATOSS et les ITA certains intervenants ont rappelés l’Appel du 9, lancé lundi par une dizaine de présidents d’universités, dont Anne Fraisse, présidente de l’Université Paul Valéry, qui demande le retrait immédiat de tout les projets controversés. Deux jours après, cet appel compte plus de trente signataires, les présidents d’universités se désolidarisant du Ministère. De plus, sur un total de 24 IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres), 18 ont bloqués la remontée des maquettes auprès du Ministère et de nombreux porteurs de projets ont d’ores et déjà démissionnés.
Représentés par deux enseignants chercheurs et cinq étudiants les universités de Montpellier se sont organisés pour se répartir les tours de parole et pour pouvoir respecter leurs mandats malgré des conditions de participations relativement contestables. L’un des mandatés de l’Université Montpellier II, syndiqué à l’UNEF, a finalement choisi, au lieu de présenter un réel bilan de la mobilisation sur Montpellier, d’énoncer les positions de son syndicat. Peu après, l’un des mandatés de l’Université Paul Valéry s’est vu refusé le tour de parole par un bureau non mandaté et non élu qui a malheureusement pris des décisions quelques peu arbitraires. En tant que mandaté étudiant pour l’Université Paul Valéry j’ai donc du prendre la parole pour énoncer nos revendications votés en AG, rappeler la réelle actualité du mouvement sur Montpellier et exiger plus de représentativité étudiante au sein de cette coordination. La première partie de la coordination s’est achevée sur cette intervention soutenue par un grand nombre de personnes, étudiants, enseignants, chercheurs, personnels… En sortant de l’amphithéâtre où se tenait la coordination une personne du bureau nous a annoncé que notre plateforme de revendication était ridicule et qu’elle ne serait pas soumise ni aux votes ni aux débats. De nombreux échanges entre étudiants mandatés ont eu lieu à ce moment, estimant tous la démarche de ce bureau qui se définissait comme « équipe d’accueil » comme arbitraire et irrespectueuse vis-à-vis des composantes de notre université qui réunie en Assemblée Générale Interprofessionnelle le 28 Janvier avait établit cette plateforme.
Après la pause de nombreux débats ont eu lieu mais de nombreux étudiants présents regrettaient sincèrement l’absence de débat sur la mise en place d’un moratoire sur l’enseignement par les différentes composantes des universités. La plupart des propositions des étudiants n’ont même pas été discutés cependant nous sommes parvenus à obtenir quelques modifications que nous préciserons en surlignant en gras les points sur lesquels nous nous sommes battus dans le compte rendu. Les étudiants mandatés, écoeurés pour la plupart de cette parodie de coordination ont décidé de faire redescendre l’intégralité de la plateforme de revendications proposée par Montpellier 3 sur leurs différentes universités afin de pouvoir les soumettre aux Assemblées Générales locales. Samedi à Rennes se tiendra la coordination nationale étudiante qui semble finalement être le seul lieu où les positions des Assemblées étudiantes seront prises en compte. Ensemble les universités peuvent créer une plateforme de revendications unique afin de revenir en force à la prochaine coordination et imposer un réel débat sur l’avenir de l’Université, avenir qui semble malheureusement ne pas concerner de nombreuses personnes qui étaient aujourd’hui réunis à Paris 8. De plus de nombreux enseignants et personnels auraient souhaité un élargissement des revendications reprenant une bonne partie de la plateforme proposée par Montpellier 3.


Ci dessous voici le texte officiel émis par la coordination, les passages en gras sont ceux pour lesquels les mandatés de l'Université Paul Valéry se sont battus après les avoir proposé. Malgré tout la version définitive n'est pas conforme à ce qui avait été initialement proposé par les étudiants :


L’Université est à Saint Denis aujourd’hui. Après la journée de manifestation nationale qui a rassemblé près de 100000 personnes et confirmé la force exceptionnelle de la mobilisation, la Coordination nationale des Universités, aujourd’hui réunie à Paris 8, dénonce la manœuvre médiatique et la stratégie de diversion que Valérie Pécresse a trouvées comme seule réponse à nos demandes de retrait des réformes en cours. La coordination affirme que tous les représentants de
l’Université et la Recherche se trouvent en ce jour réunis à l’université Paris 8, et non au Ministère où ne se déroule qu’une parodie de consultation.

Motion 1

Comme celles du 22 janvier et du 2 février 2009, la Coordination Nationale réunie le 11 février 2009 condamne la mise en place d’une politique d’affaiblissement structurel de l’enseignement et de la recherche, la précarisation des personnels de toutes catégories, enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs, BIATOSS et ITA, notamment au travers de l’individualisation des carrières, de la mise en place du nouveau contrat doctoral et des suppressions d’emplois. Cette politique menace les conditions de vie, la formation et l’avenir des étudiants. La Coordination Nationale constate que toutes ces contre-réformes résultent de la loi LRU et du pacte sur la Recherche. En conséquence, elle demande en urgence que la communauté universitaire et le monde de la recherche soient consultés sur une nouvelle loi garantissant démocratie, collégialité, indépendance, liberté et égalité entre les universités et les domaines de recherche, car l’Université n’est pas une entreprise et le Savoir n’est pas une marchandise. Elle exige le rétablissement des postes supprimés, un plan pluriannuel de création d’emplois statutaires dans les universités et les grands organismes de recherche, dont elle refuse le démantèlement. Elle soutient les mobilisations en cours. Elle constate que les ministères n’ont toujours pas retiré :
- la réforme de la formation et des concours de recrutement des enseignants du premier et du second degrés.
- le projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs.

En conséquence la Coordination Nationale appelle l’ensemble des universités et des laboratoires à rejoindre le mouvement de grève totale, reconductible, illimitée, déjà engagée dans de très nombreuses universités.

Motion 2

La Coordination Nationale constate l’amplification et l’élargissement de la mobilisation à toute la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elle se félicite de l’appel de la Sorbonne lancé par des présidents d’université et invite tous les présidents à se rallier à ce texte. Elle condamne le caractère systématique, idéologique et économique de toutes les réformes engagées par le gouvernement : c’est toute sa politique de la recherche et de l’enseignement supérieur qui est mise en cause. La coordination dénonce la série de « réformes » que le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et le ministère de l’Education Nationale ont engagées à la hussarde sans aucune négociation :
- la loi LRU et le pacte de la Recherche
- la transformation radicale des organismes de recherche en agences de moyens
- la réforme de l’allocation des moyens aux établissements qui renforce la concurrence entre eux (modèle dit « Sympa »)
- le pilotage, par le pouvoir politique, de la Recherche et de l’Université
- la précarisation des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche et la remise en cause des statuts nationaux (EC, BIATOSS, ITA, PRAG, PRCE…)
- le démantèlement des concours nationaux de recrutement des enseignants du premier et du second degrés, et le projet de « masterisation » de la formation des enseignants
- le projet de contrat doctoral
- l’abandon de la définition nationale des DUT ainsi que du fléchage des moyens des IUT et des IUFM.
- la réforme du système de bourse sur critères sociaux

Il apparaît clair que les attaques contre l’université ne sont qu’un élément d’une politique plus générale de destruction du service public d’éducation de la maternelle au supérieur, comme en témoigne la remise en cause de la laïcité par les accords Kouchner avec le Vatican. La Coordination Nationale appelle donc à la convergence des revendications de la maternelle à l’enseignement supérieur. Elle invite les enseignants du premier et du second degrés et leurs organisations syndicales à rejoindre ce mouvement. Elle appelle à l’ouverture d’un grand débat national sur l’ensemble des dossiers contestés à l’heure actuelle et qui concernent l’ensemble de la société française.

Motion 3

Tant que ses revendications ne sont pas entendues, la Coordination Nationale maintient ses actions, à commencer par la grève. Elle appelle les confédérations syndicales à soutenir ces revendications le 18 février, lors de la rencontre avec le chef de l’Etat.

Pour renforcer le mouvement de grève initiée le 2 février, et parfois plus tôt, la Coordination Nationale appelle à des formes d’actions diversifiées qui peuvent s’inscrire dans le calendrier suivant :
- le jeudi 12 février, l’AG qui se tiendra au CNRS (siège parisien) à 10H doit rassembler le plus largement possible.
- le vendredi 13 février, à 15h, cérémonie de non remise symbolique des maquettes dans les différents rectorats et au ministère, assorties de « cœurs » comme autant de preuves d’amour pour la ministre.
- le mardi 17 février, journée massive d’information (distribution de tracts, RV communs) dans les gares.
- le jeudi 19, journée nationale de manifestations. La Coordination Nationale propose en outre l’organisation d’une manifestation nationale réunissant l’ensemble du personnel éducatif à une date proche (fin février ou début mars).

Dès maintenant, la Coordination Nationale appelle à signer le moratoire sur les expertises de l’ANR et de l’AERES (à l’appel de SLR et du C3N), à tenir et à renforcer son engagement du 2 février : « l’Université et la Recherche s’arrêtent ».

La prochaine AG de la Coordination Nationale aura lieu le vendredi 20 février à Paris Ouest Nanterre. Nous mettons à l’ordre du jour de cette AG une démission de nos fonctions administratives.

Motion 4

La Coordination Nationale condamne catégoriquement les violences policières contre la communauté universitaire, qui défend pacifiquement ses revendications légitimes. Elle dénonce la présence policière sur les campus.

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